Redresser la formule

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Avez-vous déjà pris le temps de réfléchir à ceci ? On a commencé par intégrer les TIC à la pédagogie en toute hâte, sans nécessairement prendre la peine de réfléchir à ce que cela engendrait comme changement d’ampleur. Axée vers les idéaux de l’école de demain, cette décision n’a malheureusement pas impliqué les enseignants ou tenu compte de leurs besoins immédiats en formation ou en organisation spatiale. Peut-être est-ce pour cela qu’il n’est pas rare de constater que plusieurs enseignants ont un outil technologique entre les mains, mais qu’ils s’évertuent à conserver les mêmes vieilles approches pédagogiques ?

On s’est donc concentré ensuite à tenter de comprendre les résistances au changement. On a analysé la démarche d’intégration des technologies à la pédagogie pour ensuite réaliser les quelques manquements qui mènent à cette intégration qui s’effectue moins rapidement et surtout moins facilement que prévu. On déploie alors des efforts de formation, on incite les enseignants à se réseauter et à sortir de leurs silos pour travailler en collaboration, en interdisciplinarité et en collégialité. C’est souvent peine perdue !

Cependant, on réalise qu’au fond, ce qui a manqué pour accompagner cette vision de l’école de demain, c’est un double leadership : celui de la direction qui crée des opportunités pour les enseignants et leurs élèves d’assumer leur propre leadership. Les directeurs doivent défricher le gros du terrain pour que les enseignants puissent à leur tour s’y aventurer avec tout le support nécessaire. Ce rôle d’éclaireur de la direction fait toujours défaut. En effet, trop de directeurs se tiennent debout en pointant l’horizon en donnant une direction où les enseignants et élèves doivent s’aventurer alors qu’ils devraient les précéder sur le terrain. Le deuxième leadership dont il est question est celui des enseignants qui prennent en main leur développement professionnel grâce à des activités de réseautage et une formation continue. Un enseignant connecté à un réseau et à la fine pointe de sa profession en est un qui est en meilleure position pour faciliter l’apprentissage chez les élèves qui lui sont confiés.

Finalement, au-delà du leadership, il y a la prédisposition à la croissance, celle qui ne tient qu’une chose pour acquise : que la profession enseignante est évolutive. Bref, tout change et il est pratiquement impossible de réutiliser la même cassette à faire jouer au même moment, tous les ans, puisqu’il est essentiel de s’adapter à la clientèle scolaire qui se présente devant l’enseignant quotidiennement.

La formule était la suivante : TIC -> Changement -> Leadership -> Prédisposition à la croissance = échec.

Elle était inversée puisqu’on a commencé par les mettre en valeur les outils au lieu de promouvoir les attitudes gagnantes à l’établissement d’un tel changement et ainsi déterminer le meilleur outil pour les élèves (technologique ou non). Dans le meilleur des mondes, la formule aurait dû être inversée :

Prédisposition à la croissance -> Leadership -> Changement -> TIC (ou trouver les meilleurs outils).

Si nous souhaitons que les enseignants puissent ultimement changer leurs approches pédagogiques et leurs outils didactiques, il importe de prendre l’initiative de les inciter à développer leur prédisposition à la croissance : comment peuvent-ils devenir de meilleurs professionnels ? Pourquoi le devenir ? Quels sont les besoins des élèves ? Quels sont leurs défis professionnels et sur quelles forces peuvent-ils s’appuyer pour prendre leur envol ? Ils doivent conserver cet état de fragile équilibre qui les force à demeurer mobiles et en constante recherche d’une amélioration pédagogique.

Par la suite, comment peut-on leur faire une place au soleil afin qu’ils prennent confiance en leurs moyens et qu’ils s’affirment comme vrais leaders dans leur école ou dans leur commission scolaire ? Quelles activités mettre en place pour favoriser l’effet multiplicateur dans nos écoles et maximiser cette contagion positive entre les membres du personnel ? Au risque de me répéter, le leadership scolaire n’est pas l’apanage de la direction d’école. Il doit être partagé entre tous les membres de la communauté scolaire.

Une fois que tous sont disposés psychologiquement à changer et à s’améliorer, cette démarche de changement s’effectuera tacitement et les obstacles seront minimisés. L’enseignant réalisera par lui même que ses approches sont dépassées et que ses outils devraient être modernisés. C’est lui qui cognera à la porte pour que les choses changent. Le virage technologique s’imposera de lui-même et tous y prendront part volontairement. Soyez prêts à accueillir ces demandes et de grâce, si vous ne pouvez combler ces attentes, évertuez-vous à trouver des alternatives viables qui respectent votre cadre financier ou le projet éducatif de votre école !

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