La dictature de la banalité

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Probablement que vous avez entendu parler de l’histoire de la possible démolition des mezzanines de lecture de treize écoles primaires de la commission scolaire de Sherbrooke.

Encore et toujours…

Si mes premières pensées face à cette triste histoire concernent encore et toujours la nécessité de créer des lieux aseptisés et hyper sécurisés pour nos élèves pour éviter de potentielles poursuites ou plaintes de parents, je ne développerai pas sur ce sujet, et ce, même si cela m’exaspère.

Par la suite, j’aurais envie de parler des décisions qui ont des répercussions en classe et qui sont, encore et toujours prises dans des bureaux, loin des élèves et des enseignants. Mais cela ne sera pas le propos de mon texte.

Je frapperai encore et toujours sur le même clou : le changement en éducation. Cette est révoltante, car elle illustre tellement bien cette éternelle bataille que des enseignants allumés, dévoués et créatifs mènent contre les forces de l’inertie en éducation québécoise. C’en est à fendre l’âme !

Bien au-delà de l’histoire de ces , c’est davantage celle de plusieurs d’enseignants qui ont le courage de faire les choses différemment et qui se butent à divers obstacles. Ces obstacles sont omniprésents. Parfois ce sont les enseignants eux-mêmes qui se complaisent dans leur confortable routine et parfois ce sont leurs propres collègues qui leur font la vie dure. À d’autres moments ce sont les parents qui s’opposent de façon virulente ou ce sont les élèves qui résistent. Que dire des directions d’école qui devraient être des facilitateurs et qui manquent de vision; eux aussi peuvent être d’importants obstacles au changement en milieu scolaire ! Enfin, que dire des instances du monde de l’éducation ? Commissions scolaires, ministères, gouvernement, syndicats, etc… Ces enseignants, qui souhaitent faire différemment pour leurs élèves et pour faciliter leur apprentissage se butent à tout un système qui est conçu pour persister ! Ce monstre engloutit argents et énergies (le pluriel est volontaire) pour perdurer au lieu de se réinventer. J’ai répété ad nauseam que l’école québécoise est dépassée, inerte et inflexible.

Pour ceux qui en doutaient toujours, là, on tient une preuve tangible.

L’importance de la créativité

Cette réinvention passe pourtant par des enseignants qui osent penser et enseigner différemment. Ceux pour qui l’enseignement est évolutif. Ceux qui sont curieux et créatifs. Ceux qui rejettent le modèle des rangs d’ognons et des cahiers d’exercices. Vous connaissez ces classes ? Quatre murs, et juste des pupitres…

Bien que je n’aie jamais vu une mezzanine dans une classe, je reconnais cependant combien ces aménagements peuvent sortir de l’ordinaire. En éducation, le banal et l’éculé sont partout dans les écoles. L’émerveillement manque terriblement, à un point tel que nos jeunes ont perdu cette faculté. C’est un peu de notre faute d’ailleurs !

Où sont les chaines humaines qui sont supposées protéger nos écoles ? Personne ne se mobilise pour dénoncer la dictature de la banalité ? Cesserons-nous de cautionner ces manques d’originalité des différents ministères beiges jusqu’à l’os ? Il est plus que temps de protéger les enseignants qui se démarquent et qui mettent des projets porteurs en œuvre. Un peu de couleur, d’originalité et de différence dans les classes ! Nous devons changer l’ordre naturel des choses : la créativité et la différence en pédagogie doivent devenir la norme alors que le routinier doit être considéré comme marginal et inacceptable.

Collaboration

Parait-il que ces mezzanines ont été fabriquées par des parents, des amis et des membres de la communauté. Wow ! Connaissez-vous beaucoup de projets de classe qui ont su soulever l’engouement de tant de personnes ? Connaissez-vous beaucoup de projets qui rassemblent autant de personnes dans un but aussi noble que celui d’émerveiller les jeunes ? Avez-vous simplement tenté de vous placer dans la peau de l’un de ceux-ci lorsque qu’ils sont revenus en classe le lundi matin suivant la construction des mezzanines ? Et on mettrait la hache là-dedans ? C’est illogique.

À notre tour de collaborer à ces mezzanines. Faites circuler la lettre d’Yves Nadon et faites valoir votre mécontentement sur les médias sociaux. Assurez-vous d’apostropher votre député québécois par la même occasion. Vous êtes des éducateurs; éduquez-les à votre réalité !

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